Data Tunnel Effect avec GIMP
horizons perdus
La mise en perspective d'éléments multiples crée l’illusion d’une vision en trois dimensions. La perspective dite conique que l'on utilise le plus couramment fut inventée par Filippo Brunelleschi en 1425. Mais il existe de multiples façons de représenter l'espace : perspective albertienne, perspective axonométrique, perspective dimétrique, perspective cavalière… D'une certaine manière, on peut considérer qu'aucune d'entre elle ne rend pleinement compte de ce qui se trame au contact du globe oculaire. Nous tenons pour acquis que notre champ visuel est de 180°. En fait, la vision humaine n’est précise que dans un cône de 3°, au-delà, ses performances diminuent à mesure que l’objet est situé vers la périphérie de l’angle de vision. En conséquence, notre œil ne cesse de balayer l'espace afin de le reconstruire en fonction de ses besoins d'informations, déplaçant perpétuellement ligne d'horizon et points de fuite associés. Notre expérience visuelle réelle ressemble plutôt à un compromis entre une perspective conique aux contours périphériques diffus et une vision en mode "fish-eye" multiplement fragmentée.
« Au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. »
—Patrick Modiano
Point de fuite
Dans l'effet qui est présenté ici, la majorité des lignes convergent vers le centre du cadre. Le point de fuite est concrétisé par un point infiniment loin sur l'horizon, vers lequel s'échappent des lignes qui dans la réalité sont parallèles les unes aux autres, ce qui permet de simuler la profondeur, les dimensions entre elles s'amenuisant à mesure qu’elles s'en rapprochent. Un schéma directeur largement inspiré de la perspective "centrale" théorisée par Alberti vers 1436. Avec cette méthode, on calcule l'espacement décroissant entre les éléments à l'aide d'un second point de fuite situé lui aussi sur la ligne d'horizon. Théoriquement, la distance entre le tableau et le spectateur correspond à la distance séparant ces deux points. L'écran devient alors cet espace bidimensionnel support de la représentation, point nodal situé à la frontière entre perception et représentation résultant de la perte d'une des trois dimensions. La première étape consistera donc à tracer des réseaux de verticales, d'horizontales et d'obliques rayonnantes répondant à ces besoins. Les calques nécessaires à la création de l'image se trouvent dans l'archive disponible en lien à la fin de cet article.
« Les points de fuite permettent de visualiser les directions de l'espace. »
—Dictionnaire
Calques et découpages
Afin d'obtenir l'effet perspectif affiché en tête d'article, on devra effectuer plusieurs opérations de découpage sur les calques fournis. GIMP permet ces opérations à l'aide de la fenêtre d'outils correspondante ( Fenêtres > Fenêtres ancrables > Calques depuis la barre de menu ou accessible par la combinaison de touches CTRL+L ). Depuis cette fenêtre, l'on dispose d'outils de verrouillage (pixels, position et taille, transparence), d'un réglage d'opacité et des multiples modes de fusion de calques que les utilisateurs de Photoshop connaisse bien. Après récupération des calques proposés dans l'archive, la procédure sera la suivante : On affiche le calque de fond, puis on lui superpose celui intitulé "ray horiz" auquel on applique le mode "découper". Avant de continuer, on crée un "nouveau calque depuis le visible". Ce dernier sera à son tour appliqué sur le calque intitulé "horiz" avec un mode identique. On obtiendra alors le quadrillage spécifique visible sur l'image suivante, nanti du canal alpha indispensable à la poursuite des opérations. Il faudra recommencer avec les calques "vert" et "ray vert". On pourra également tester toutes combinaisons de calques susceptibles de convenir. Pour diversifier les effets, on appliquera ensuite des changements d'échelle (MAJ+S), de perspective (MAJ+P) ou des rotations (MAJ+R).
« Il n'y a qu'un chemin pour celui qui fuit, il y en a cent pour celui qui le poursuit. »
—Proverbe russe
Dans ce cadre, il sera intéressant de dupliquer les calques avant de les modifier (MAJ+CTRL+D), puis d'utiliser les réglages de transparence pour superposer les transformations obtenues. L'outil de flou cinétique accessible depuis le menu "filtres" permettra de simuler des effets de mouvements (circulaire, linéaire, zoom). L'archive de 4.70 Mb contenant les calques et les vignettes illustrant les différentes étapes est téléchargeable en suivant ce lien. Le programme de traitement d'image open-source GIMP est disponible depuis la page dédiée https://www.gimp.org/.